A l’attention des voyageurs…
En date du 3 avril, un jeune homme y était installé et jouait formidablement bien. Finalement, il s’est arrêté et a cédé sa place à une jeune fille qui devait avoir à peu près le même âge et qui était tout aussi douée.
A les entendre, ils donnaient l’impression d’être élèves au conservatoire, leur niveau était élevé.
Les retards et les annulations profitent à certains voyageurs qui patientent agréablement en musique. Ainsi, ils deviennent leur public et leurs juges.
Des airs célèbres sont joués. Mais qui sont-ils ces anonymes, ces inconnus qui bercent nos oreilles ?
Tous deux sont joueurs amateurs. En échangeant quelques mots, ils me disent connaître la musique classique de Vienne en Autriche.
Le conducteur de train
Ce garçon m’apprend aussi qu’un conducteur de train et quelques lycéens viennent parfois jouer.
Il me le décrit de taille moyenne, imberbe et un peu corpulent. Deux ou trois fois par semaine, il vient s’installer au piano pour le plaisir du public présent.
8 avril, le jeune homme est revenu ! Hélas, il a souhaité rester anonyme. Lycéen, s’il finit les cours tôt, il vient jouer du piano à la gare. Chez lui, le piano est plus petit et il manque d’espace. Il se plaît à avoir un public en venant ici interpréter Mariage d’Amour de Paul de Senneville.
Malheureusement, il ne connaît pas le nom du conducteur de train qui n’est pas venu ces temps-ci. Il conclut en disant qu’il ne souhaite pas en dire plus.
Des passionnés
Thierry, 66 ans, aime la musique depuis toujours.
A son domicile, il possède un piano, ancien, un Pleyel datant de 1898, numéro de série 88071. Des cordes sont manquantes et il a dû apprendre autrement. Il ne joue que ses propres morceaux et dispose également d’un piano numérique chez lui. Préférant le cœur à la technique, il insiste sur ce point essentiel pour lui et ajoute qu’il se sent plus à l’aise avec sa main droite que gauche.
Christian Dalmont, 69 ans.
Il improvise depuis l’âge de 12 ans et se passionne de musique. Compositeur amateur, il ne joue pas d’autres instruments mais poste en ligne ses créations. Il cite notamment jamendo, peu connu. L’accès est libre et gratuit.
Voici le lien pour l’écouter : https://www.jamendo.com/artist/7137/christian-dalmont
Présent sur de nombreux autres sites, il dit qu’il faut simplement taper son nom sur le net pour le trouver.
Il s’essaie aussi à la musique électronique afin de vivre avec son temps. Peut être un peu de violon parfois, il expérimente différents styles.
Il explique qu’à Rouen, le piano en gare est de bonne qualité mais ce n’est pas le cas de toutes les villes. A Lille, Amiens et Saint-Lazare, le piano est médiocre, décevant. A Montparnasse et à la Gare de Lyon, le piano est convenable, plutôt bien, dit-il. Il les connaît tous !
Quelque part en centre ville…
D’après l’homme assit à mes côtés, tous les samedis après midi, un marchand de musique met à disposition des passants un piano. Des jeunes viennent en jouer, quelques fois à trois, leur talent l’impressionne me dit-il. C’est pourquoi, il vient assidûment les écouter et me conseille d’y aller aussi.
D’après les détails reçus, le magasin s’appelle Les Pianos du Palais et se trouve 8 bis rue Eugène Boudin. Allons s’entretenir avec le gérant !
Le lieu est charmant et une ambiance calme et agréable y règne. Le professeur de piano, très gentil, sur le point de donner un cours, m’informe que le gérant est absent et qu’il faudra revenir le lendemain. Il me communique toutefois son nom : Sébastien Delavaine.
Un piano est installé dehors le vendredi et le samedi après-midi, pas les autres jours parce que l’établissement craint de recevoir des plaintes, explique t-il.
En visitant leur site web, je découvre que son nom est en fait Delavalle, le professeur s’est trompé.
Sur la page d’accueil, la devise « C’est donner l’accessibilité à tout le monde d’avoir un piano. » est inscrite d’où la mise en place d’un piano à l’extérieur. Ouvert jusqu’à 19 h, les passants en profitent grandement !
Ah la musique…
Peu importe les conditions de vie, le quotidien, les moyens, la musique est présente partout et se fraye toujours un chemin pour entrer dans les mœurs et nous accompagner chaque jour.
Ne rêvez-vous pas d’en faire autant à présent ? Mains en place, à vos pianos !
L’arrivée…
A l’entrée dans la boutique, le pianiste et professeur Nicolas Ruinet est à l’œuvre avec un jeune élève encore enfant, un futur petit Mozart.
Monsieur Delavalle est en réunion avec plusieurs interlocuteurs. Sur un mur, des récompenses à des concours sont affichées fièrement. Des diplômes de musique et d’art dramatique. A disposition, des cartes sont posées sur un piano. Parmi desquelles, celle du pianiste et professeur franco-italien Franscesco Gruppo-Maurel, celle du professeur Nicolas Ruinet, médaillé d’or et premier prix d’excellence à l’unanimité des conservatoires de Troyes et Rueil-Malmaison et enfin celle de Romuald Leroy, artiste peintre.
La discussion commence
Un piano est mis à disposition des passants le vendredi et samedi après-midi.
« Dès l’ouverture du magasin, des jeunes sont venus jouer et c’est devenu un rituel.» précise le gérant.
Récemment, un samedi, une cinquantaine de personnes étaient venues et s’étaient assises sur les bancs pendant trois ou quatre heures pour écouter, un petit concert en centre-ville. Le mercredi, plus calme et moins mouvementé, est dédié à l’entraînement et à la pratique.
Cela fait une bonne publicité.
L’établissement se félicite de cette réussite et de ce succès qu’il espère durable.
Une couleur mémorable
Le piano est bleu, une couleur particulière dont on se souvient facilement. Un compte Instagram a été crée en son honneur du nom de le_piano_bleu.
Des musiciens et chanteurs jouent souvent dans les rues mais ne viennent pas se joindre à eux.
Par contre, « des jeunes viennent avec leur propre instrument. » explique-il. Ils viennent avec un saxophone, une guitare, des percutions et jouent principalement de la variété française.
Une ambiance toujours paisible.
Un avenir prometteur
« Bientôt, on va créer un QR code. » annonce t-il. Il voudrait de ce fait rendre l’information plus accessible et que la clientèle apprenne à connaître le lieu plus facilement.
Une discussion est en cours pour ouvrir un magasin à Boulogne-Billancourt pour toucher une clientèle parisienne et ensuite une fédération sera crée pour réunir l’ensemble des équipes.
« L’objectif de la société est de rendre accessible à tous » l’achat d’un piano en les vendant à des prix au plus bas « défiant toute concurrence » déclare t-il. Il déplore que le coût des instruments de musique soit souvent trop élevé et que tout le monde ne puisse pas se le permettre.
Une bonne action
« La musique classique apaise les jeunes et leur évite de mal tourner. »
Il a pour intention de les remettre dans le droit chemin.
Il aimerait les aider à s’en sortir et faire de cet endroit un lieu où l’on peut s’adonner librement à la musique.
La musique se partage et se transmet. Elle adoucit les mœurs. Il serait bien de sociabiliser les habitants isolés. Cela fait de la compagnie et de l’animation pour les personnes seules comme les personnes âgées et même les jeunes.
« La musique rassemble. » et devient un outil de bienveillance envers autrui.
Des encouragements et du soutien
L’association Crescendo, représentée par Alexis s’associe avec la boutique pour la soutenir en participant aux évènements.
« Une semaine avant Noël, nous avons une cantatrice qui vient chanter. »
Elle s’appelle Nathalie Beauval, soprano et professeure de chant. Elle se produit sous l’arche et cette fois-ci, le piano est rouge. Des parisiens font le trajet pour y assister. Une chorale est organisée à cette période. Un joueur de flûte traversière est également présent. Ses élèves l’accompagnent parfois.
D’après le dépliant, il y a effectivement des dates tout au long du mois de décembre y compris le 24. Horaires de 17h à 19h.
Une clientèle choyée
Son souhait est aussi de diffuser la musique partout et de se faire connaître.
« Nous avons vraiment une démarche bienveillante envers la clientèle » que nous plaçons au centre de notre politique. Il y a un suivi et ils sont guidés et conseillés dans leurs choix, leur volonté et leurs besoins. Par exemple, le responsable peut se rappeler d’une marque de piano, noter un numéro de série et le proposer dans une autre gamme, suggérer un autre produit à un client venu précédemment.
Décidément, la musique n’a pas fini de faire parler d’elle
Venez donc aux Piano du Palais savourer une parenthèse musicale et vous détendre. Laissez-vous bercer et enchanter par des airs pleins de surprise et de beauté à découvrir ou redécouvrir.
Deux articles à la suite écrits vers avril dernier.


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