Rousseau

Du Contrat Social :
« Aristote avait raison mais il prenait l’effet pour la cause. Tout homme naît dans l’esclavage, naît pour l’esclavage, rien n’est plus certain, les esclaves perdent tout dans leurs fers jusqu’au désir d’en sortir, ils aiment leur servitude comme les compagnons d’Ulysse, aiment leur abrutissement. S’il y a donc des esclaves par nature, c’est parce qu’il y a eu des esclaves contre nature. La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétué. «
« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. De là né le droit du plus fort, droit prit ironiquement en apparence et réellement établit en principe mais ne nous expliquera t-on jamais ce mot? La force est une puissance physique. Je ne vois point quelle moralité peut résulter de cet effet. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté, c’est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ? «
« Ce passage à l’état de nature à l’état civil produit dans l’homme un changement très remarquable en substituant dans sa conduite la justice à l’instinct, donnant à ses actions la moralité qui leur manquait auparavant. «
« C’est alors seulement que la voie du devoir succédant à l’impulsion physique et le droit à l’appétit, l’homme qui jusque là n’avait regardé que lui-même se voit forcé d’agir sur d’autres principes et de consulter sa raison avant d’écouter ses penchants. »
« Quoiqu’il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments s’ennoblissent, son âme toute entière s’élève à tel point que si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradent souvent au-dessous de celle dont il sortit, il devrait bénir sans cesse l’instant heureux qu’il en arracha pour jamais et qui d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme. »
« Réduisons toute cette balance en de termes faciles à comparer. Ce que l’homme perd par le contrat social, c’est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu’il peut atteindre, ce qu’il gagne, c’est la liberté civile et la propriété de tout ce qu’il possède. «
« Pour ne pas se tromper dans ces compensations, il faut bien distinguer la liberté naturelle qui n’a pour bornes que les forces de l’individu, la liberté civile qui est limitée à la volonté générale et la possession qui n’est que l’effet de la force ou le droit du premier occupant de la propriété qui ne peut être fondée que sur un titre positif. «
De nos jours, pour posséder une propriété, qu’on l’ai acheté ou loué, il faut y mettre le prix, non seulement il faut payer un loyer, un crédit mais si cette propriété est acquise, il faudra payer une taxe foncière. C’est à se demander ce qui demeure encore gratuit dans notre société, tout ou presque semble être payant et même onéreux. Certains n’ayant plus les moyens financiers suffisants se voient dans l’obligation de vendre leur bien.
« On pourrait sur ce qui précède ajouter à l’acquis de l’état civil, la liberté morale qui seule rend l’homme vraiment maître de lui car l’impulsion du seul appétit est esclavage et l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté. »
En d’autres termes, le contrat social, la loi, permet de civiliser les hommes et de leur donner un cadre évolutif en cohérence avec tous les autres individus et d’ainsi éviter le chaos général et de bâtir une société unie autour de règles communes limitant les violences et les débordements. Ceux qui s’en écartent sont sanctionnés et ceux qui la respectent n’ont rien à craindre et peuvent se protéger de ceux qui l’enfreignent en leur portant atteinte. Si la loi contraint et donne des devoirs et des interdictions, elle peut aussi accorder des droits et constituer une défense et une protection en cas de besoin.
Ajoutons que de nos jours, carte d’identité, carte vitale et passeport ont été créées et délivrées aux citoyens afin qu’ils aient une preuve d’identité, pour la santé et pour les voyages de maximum trois mois hors Union Européenne et au-delà de ce délai, un visa est également nécessaire.
Machiavel

Le Prince :
« Le prince élevé par les grands a plus de peine à se maintenir que celui qui a dû son élévation au peuple. Le premier, effectivement se trouve entouré d’hommes qui se croient ses égaux et qu’en conséquence, il ne peut ni commander ni manier à son gré, le second au contraire, se trouve seul à son rang et il n’a personne autour de lui, presque personne qui ne soit disposé à lui obéir. De plus, il n’est guère possible de satisfaire les grands sans quelque injustice, sans quelque injure pour les autres mais il n’en est pas de même pour le peuple dont le but est plus équitable que celui des grands, ceux-ci veulent opprimer et le peuple veut seulement n’être point opprimé. «
La démocratie était minoritaire à cette époque. Un souverain est maintenant Président de la République et quand bien même il y a un roi ou une reine, c’est le Premier Ministre qui est aux commandes et ce n’est plus une monarchie de droit divin mais une monarchie constitutionnelle. Le Président et les représentants d’une nation sont élus au suffrage universel, les citoyens votent.
« Il est vrai que si le peuple devient ennemi, le prince ne peut s’en assurer parce qu’il s’agit d’une trop grande multitude tandis qu’au contraire, la chose lui est très aisée à l’égard des grands qui sont toujours en petit nombre. »
Les citoyens ont un droit de grève, ils peuvent manifester pour signifier leur mécontentement. Cela ne finit pas forcément en guerre civile mais cela informe et prévient.
« Mais au pis aller, ce qu’il peut appréhender de la part du peuple c’est d’en être abandonné au lieu qu’il doit craindre encore que les grands n’agissent contre lui car ayant plus de prévoyance et d’adresse, ils savent toujours se ménager de loin des moyens de salut et ils cherchent à se mettre en faveur auprès du parti auquel ils comptent que demeurera la victoire. «
De nos jours, la majorité l’emporte. La conscience des perdants et des gagnants, des faiblesses et des espoirs, des audiences bonnes ou mauvaises, sont prises en compte dans les actions et les prises de décision des uns et des autres. Chaque parti politique espère grimper et l’emporter, prendre le dessus sur ceux qu’ils estiment en déroute.
« Observons au surplus que le peuple avec lequel le prince doit vivre est toujours le même et qu’il ne peut le changer mais que quant aux grands qu’il peut chaque jour en faire, en défaire, il peut à son gré ou accroître ou faire tomber leur crédit sur quoi il peut être utile de donner ici quelques éclaircissements. «
Au sommet, il y a des ennemis et des alliés, des jaloux et des concurrents, des amis et il faut composer avec tout ce petit monde. Les citoyens ne peuvent être observés et étudiés au cas par cas, ils sont des millions. Ces rapports de force n’ont pas changé à la différence qu’au lieu de faire assassiner un opposant (bien que dans certains pays, la pratique est répandue), on le bat honnêtement par un programme présidentiel, des arguments, un discours bien préparé et si violence il y a, elle est morale et psychologique (pression, stress, humiliation, jugements, critiques, démentis, diffamation, manipulations…) mais pas fatale et mortelle.
« Je dis donc que par rapport aux grands, il y a une première et principale distinction à faire entre ceux dont la conduite fait voir qu’ils attachent entièrement leur fortune à celle du prince et ceux qui agissent différemment. »
Certains sont attirés par l’appât du gain, de la puissance et du pouvoir et d’autres veulent seulement rendre le monde meilleur et faire leur possible pour mettre en pratique les idées qu’ils pensent sensées et ainsi résoudre les difficultés et les problématiques. Leur idée d’un monde meilleur et d’un idéal de société n’est pas forcément bénéfique et bienveillante, leur dessein peut être destructeur et négatif… L’Histoire nous donne des exemples notables. Citons Adolf Hitler qui avait façonné un projet en prison, un journal intitulé Mein Kampf et on connait son récit.
Stefan Zweig





Le Monde d’hier, Souvenirs d’un Européen, Die Welt von Gestern, Errinerungen eines Europäers :
Depuis l’époque de Stefan Zweig, les choses ne se sont guère améliorées, elles se sont même compliquées et les délais se sont rallongés.
En terme de paperasse, de délai, de retard, d’oubli, d’erreur, la France est championne. La France est peut être le pays le plus bureaucratique au monde !
De nos jours, la dangerosité dans le monde s’est encore aggravée. Il est donc important de procéder à des vérifications aux frontières par mesure de sécurité.
De plus, du temps de Stefan Zweig, c’était surtout les riches qui voyageaient alors que de nos jours, n’importe qui peut voyager là où il le souhaite. Pour cela, il faut bien sûr remplir les conditions selon le projet souhaité. Comme dit précédemment, les procédures et les démarches étant complexes et les délais toujours plus longs, il vaut mieux s’y prendre à l’avance.
Outre les voyages, les temps étaient plus simples ! On pouvait se faire embaucher plus facilement et faire ses preuves, grimper les échelons et mener une belle carrière. Aujourd’hui, tellement d’obstacles et de freins font barrage et empêchent l’épanouissement professionnel.
Concours, examen, études, certificat, autorisation, carte professionnelle, titre, procédure, démarches, expérience même si on postule pour la première fois, permis de toute sorte, véhicule, si on a un rêve, un projet, une idée, une ambition en tête, comment l’atteindre? D’avance, on se retrouve découragé et dérouté, le rejet et le refus pointent le bout de leur nez alors qu’on en est qu’aux prémices de notre réflexion. À cela s’ajoute le bon vouloir de l’employeur qui a ses propres critères de recrutement et qui décide au cas par cas. Il faut vraiment espérer un miracle pour être accepté quelque part!
Auparavant, il fallait pointer. Oui, cette expression est utilisée quotidiennement. À l’origine, elle concernait les employés, les ouvriers qui venaient tous les jours pointer à l’usine, à l’entreprise, au lieu de travail. Les gens faisaient la queue et le nombre de personnes admises correspondait aux besoins du jour. En tout cas, du jour au lendemain, il était possible de trouver du travail. Si on était d’origine aisée, on pouvait prendre le relais de l’entreprise familiale, formé par les parents qui voyaient en leurs enfants de futurs successeurs.
Maintenant, il faut envoyer des candidatures par centaines pour espérer une ou deux réponses. C’est devenue mission impossible sachant que chaque employeur a ses délais de réponse. Cela peut être quelques jours, plusieurs semaines, un ou deux mois. Et comment faire lorsque travailler et gagner de l’argent est urgent ? C’est ainsi que le taux de chômage s’accroît jusqu’à atteindre des chiffres préoccupants et la productivité du pays en berne, la dette augmentant, l’argent ne rentrant pas suffisamment, un pays se retrouve en difficulté. Le pouvoir d’achat est en baisse parce que les impôts augmentent pour rembourser les dettes mais les gens n’ont plus rien. Le problème se situe à la base et il faut le résoudre pour relancer l’économie du pays. Sauf que personne n’en a conscience…


Sources : Photos d’Internet, Google.
Les autres photos sont personnelles.


Laisser un commentaire