La perception d’une information

Une même information peut être interprétée, perçue et vue de milles manières et les réactions peuvent être elles aussi différentes selon l’individu qui la vit étant donné que nous sommes tous uniques. Chacun en tire ses propres conclusions, ses propres hypothèses et élabore ses propres spéculations et actions en réponse.

Prenons l’exemple d’une révélation soudaine et surprenante, une information qui vient tout bouleverser. Les retrouvailles avec un être que l’on croyait perdu de vue depuis longtemps.

Avant son arrivée, tout le monde se mettra à cogiter et à s’exprimer sur le sujet.

Certains évoqueront des souvenirs communs et ressentiront une nostalgie émouvante. D’autres se rappelleront de pénibles anecdotes passées et n’auront pas hâte de le revoir. D’autres ne diront rien et attendront le moment venu pour s’extasier. D’autres s’agiteront pour préparer sa venue et l’accueillir comme il se doit. A reculons, certains aideront. Enthousiastes, d’autres aideront avec joie et excitation.

À son arrivée, il y aura les réservés et les extravertis, les démonstratifs et les distants. Les émotions seront mitigées. Il y aura la colère, lui demandant pourquoi son absence a perduré si longtemps. Il y aura la tristesse, tant de temps s’est écoulé. Il y aura les cartésiens, ceux qui vivent le moment présent et oublient bien vite hier.

Un autre exemple, un objet est découvert à un endroit précis.

De surprise, la personne ayant retrouvé l’objet s’écrira victoire gaiement. D’autres répondront que cet objet était introuvable depuis un moment déjà et trouveront bizarre que tout ce temps, il était là sans que personne ne le remarque. D’autres encore briseront un silence en disant que cet objet a été placé là volontairement pour une raison donnée. Un autre ajoutera qu’il connaît l’auteur de cette initiative et le dénoncera. En réponse, un autre encore ajoutera que c’était justifié, que les motifs de cette décision étaient compréhensibles. De multiples sentiments se mêleront à cet incident fâcheux.

Nous avons la perception d’une personne retrouvée, l’importance donnée à un objet et pour chacun de ces exemples, les réactions de l’entourage, des personnes présentes.

L’échange d’informations

Parlons à présent de l’échange d’informations.

Des confidences peuvent se faire soit de façon spontanée soit dans un moment choisit en particulier.

Secrets, mises en garde, prudence, pression, révélations, confiance, méfiance, prise de risque, des informations ont été confiées.

Lorsqu’une personne cherche à savoir quelque chose pour en comprendre une autre, elle se montrera plus gentille que d’habitude, un peu mielleuse, intéressée. Son comportement changera en conséquence afin d’obtenir ce qu’elle souhaite. Elle peut amadouer, sonder le terrain, chercher le moment opportun pour questionner. Sincère, honnête ? Manipulatrice, calculatrice? Simple volonté de savoir pour le besoin d’une histoire à éclaircir, soulager un poids de longue date ? C’est humain de vouloir savoir et comprendre.

Dans le lot, il y a des inégalités. Certains savent tout, d’autres un peu seulement et d’autres encore ne savent rien et se sentent intrigués et curieux.

Des tensions se créeront. Des disputes éclateront. Des jalousies, des injustices, des conflits.

Le doute. Est-ce la vérité ? L’espoir, l’attente, placée dans la confidence, va t-elle parler ? Pourquoi lui a t-on dit à elle et pas à une autre personne ? Pourquoi cette préférence ? Elle est privilégiée.

La vérité sera t-elle dévoilée plus tard en temps et en heure ? Que se passe t-il en cachette ? Que se prépare t-il ?

Comment avoir confiance et en qui ? Gare aux trahisons! Lorsqu’une information est dévoilée sans que le détenteur de cette dernière n’ait donné son accord, cela peut mal finir. La confiance peut être perdue et la rancune sera tenace. Un aspect de la relation sera brisée. Comme il sera difficile de regagner la confiance voire impossible.

Être dans la confidence représente une responsabilité, on se retrouve gardien et protecteur, allié et ami.

Celui qui ne sait rien se sent en marge, abandonné.

Celui qui sait tout ressent une certaine pression.

Celui qui sait seulement un peu se sent à mi-chemin entre les deux.

Des rivalités peuvent naître de ces rapports.

Il faut bien savoir choisir ses amis et bien connaître ses ennemis.

Qui avons-nous vraiment en face de nous ?

Sachant qu’on ne sait jamais vraiment… Tout peut basculer du jour au lendemain. Autrefois, on pouvait être proche d’une personne et entretenir une relation fusionnelle. Un jour, la distance accrue a progressivement fait disparaître cette proximité et la relation n’est plus. Les deux individus sont sortis de la vie l’un de l’autre et se retrouvent presque comme étrangers l’un de l’autre.

Autrefois, meilleurs amis, plus tard, ennemis.

On ne sait jamais ce que la vie nous réserve.

Cette information confiée, sera t-elle dévoilée à un autre sans qu’on ne le sache ? Choqué, le découvrira t-on avec effroi et colère? Le ressentiment nous envahira et on se promettra de ne plus faire confiance si facilement.

Connaît-on vraiment les gens qui nous entourent même quotidiennement ? Savons-nous vraiment qui nous avons en face de nous ?

Alors qu’on croyait que cette personne était gentille, drôle, affectueuse, innocente, inoffensive, on découvre de nouveaux aspects de sa personnalité et de son caractère qui sont tout à fait contradictoires. Nous voilà déçu, on tombe de haut, sidéré qu’elle soit capable d’actes que l’on croyait hors de ses compétences et de ses intentions.

L’inverse est possible aussi. Une personne d’apparence insoupçonnable, qu’on croyait froide et indifférente, se révèle être sensible et sentimentale, empathique et capable de compassion. Dans son silence et sa distance, l’idée de cette image n’avait pas traversée l’esprit et une agréable surprise vient illuminer cette impression nouvelle.

Une personne peut sortir de l’ombre et se présenter à nous sans que l’on n’ait pu le prédire devenant ainsi une compagnie inespérée.

Au final, sommes-nous seuls face à tous ?

Puisque tout peut basculer, que les gens changent et que les situations évoluent, parfois brusquement, peut-on ne faire confiance qu’à soi-même ?

Il ne faut pas négliger les critiques, les jugements, les avis et opinions, les remarques et les commentaires, une petite histoire peut rapidement prendre des proportions que l’on aurait préféré éviter.

Bien souvent, il est difficile de s’exprimer librement. Lorsqu’on s’affirme, on peut être perçu comme têtue et entêté. Si au contraire, on s’écrase, on peut être perçu comme faible et vulnérable, manquant de conviction. Dans les deux cas, on est mal vu.

Pourtant, certains peuvent nous conseiller de nous affirmer et de nous imposer mais à quoi bon ? Si un stress peut être évité, autant s’épargner cette peine et ne pas gaspiller son énergie.

Les gens sont capables d’une telle méchanceté et d’une cruauté quelques fois, sans forcément s’en rendre compte. Cela peut être usant à la longue.

Présenter ses idées, exprimer un avis, un sentiment peut s’avérer être une souffrance quand le public, l’auditoire, n’est pas réceptif et se montre hostile.

Avant de parler, il faut réfléchir à l’intérêt de ses propos et aux éventuelles conséquences de son intervention. Les combats perdus d’avance et les histoires à l’issue prévisible manquent d’intérêt. C’est d’avance fatiguant bien que parfois, l’envie de parler se fait pressante, lorsqu’on a quelque chose d’important à dire même si on sait que cela ne remportera pas tous les suffrages, loin de là.

Avec le temps, cela devient préférable de se taire et de garder un maximum de choses pour soi. Croire en soi et en ses convictions, avancer. Si on pense connaître la vérité, pourquoi vouloir chercher systématiquement l’approbation? Il faut savoir s’en passer. Il y aura toujours quelqu’un pour critiquer, juger et contester mais aussi se moquer et nous ridiculiser, nous humilier, nous déstabiliser.

Il faut être fidèle à soi-même, garder confiance en soi, croire en ses qualités et ses atouts tout en ayant conscience de ses défauts et de ses faiblesses, bien se connaître est essentiel et permet de déceler ses limites.

On peut tout nous prendre mais pas notre liberté de penser ni notre liberté de parler ou non. À nous de juger à qui parler et de quelle manière lui dire et à quel moment.

À nous de décider si on ne veut rien dire du tout.

Il faut connaître les enjeux d’une information. C’est une denrée précieuse et convoitée.

On est maître de la situation et seul décideur. Il faut savoir tenir bon et résister, ne pas se faire avoir et réfléchir correctement.