
Penser différemment signifie qu’on est têtu et obstiné. Ne pas écouter un conseil signifie qu’on en fait qu’à sa tête. Ne pas partager le même avis, opinion, signifie qu’on est là encore têtu. Emettre un sentiment, s’exprimer sur un sujet montre qu’on est stupide et fou.
Tout ceci n’est pas normal. Il devrait y avoir une liberté de penser, cela fait partie des lois de notre société. Chacun a le droit de s’exprimer pleinement sans restriction. Chacun a le droit de dire ce qu’il pense et ressent. Jusque dans la presse, on retrouve cette liberté, l’opinion se veut libre.
Autrement, cela se nomme censure, propagande. Et en privé, comment appelle-t-on cela ? On peut dire qu’il s’agit d’un manque de tolérance mais aussi d’une domination, d’une emprise.
La personne qui s’exprime est réprimandée dans ses prises de parole. Elle doit dire comme son interlocuteur, penser comme lui, en déviant, elle s’expose, en effet, à des conséquences.
Effectivement, elle peut se faire insulter, tout du moins violemment juger et critiquer. Ses propos n’ont aucune valeur, elle divague complètement. Pourquoi n’écoute-t-elle pas sagement la voix de son entourage qui lui, dit vrai et détient tout le savoir ? Qu’est-ce qu’il lui prend de s’imposer ainsi ? Pourquoi s’affirmer lorsqu’on est si stupide et fou ? Il vaut mieux se taire quand on est capable de propos si insensés et inintéressants. Se taire procure des vacances aux autres qui l’espace d’un temps n’entendent plus de bêtises qui les agacent au plus au point. A la longue, qu’il est pénible de supporter sa compagnie !
Ainsi, cette personne vivement critiquée, décide de se taire. Désormais, elle gardera pour elle et elle n’usera de sa voix que pour les choses futiles, des mots du quotidien, des mots simples qu’elle espère sans conséquences.
Voltaire
Wikipédia : « En janvier 1726, il subit une humiliation qui le marquera toute sa vie[n 13]. Le chevalier Guy-Auguste de Rohan-Chabot, jeune gentilhomme arrogant, appartenant à l’une des plus illustres familles du royaume, l’apostrophe à la Comédie-Française : « Monsieur de Voltaire, Monsieur Arouet, comment vous appelez-vous ? » ; Voltaire réplique alors : « Voltaire ! Je commence mon nom et vous finissez le vôtre ». Quelques jours plus tard, on le fait appeler alors qu’il dîne chez son ami le duc de Sully.
Dans la rue, il est frappé à coups de gourdin par les laquais du chevalier, qui surveille l’opération de son carrosse. Blessé et humilié, Voltaire veut obtenir réparation, mais aucun de ses amis aristocrates ne prend son parti. Le duc de Sully refuse ainsi de l’accompagner chez le commissaire de police pour appuyer sa plainte. Il n’est pas question d’inquiéter un Rohan pour avoir fait rouer de coups un écrivain : « Nous serions bien malheureux si les poètes n’avaient pas d’épaules », dit un parent de Caumartin. Le prince de Conti note à propos de l’incident que les coups de bâtons « ont été bien reçus mais mal donnés ».
Voltaire veut venger son honneur par les armes, mais son ardeur à vouloir se faire justice lui-même indispose tout le monde. Les Rohan obtiennent que l’on procède à l’arrestation de Voltaire, qui est conduit à la Bastille le 17 avril. Il n’est libéré, deux semaines plus tard, qu’à la condition qu’il s’exile.
En Angleterre, « terre de Liberté » (1726-1728)
Voltaire a 32 ans. Cette expérience va le marquer d’une empreinte indélébile. Il est profondément impressionné par l’esprit de liberté qu’il voit dans la société anglaise (ce qui ne l’empêche pas d’apercevoir les ombres du tableau, surtout vers la fin de son séjour). Alors qu’en France règnent les lettres de cachet, la loi d’Habeas corpus de 1679 (nul ne peut demeurer détenu sinon par décision d’un juge) et la Déclaration des droits de 1689 protègent les citoyens anglais contre le pouvoir du roi.
L’Angleterre, cette « nation de philosophes », rend justice aux vraies grandeurs qui sont celles de l’esprit. Présent en 1727 aux obsèques solennelles de Newton à l’abbaye de Westminster, il fait la comparaison : à supposer que Descartes soit mort à Paris, on ne lui aurait certainement pas accordé d’être enseveli à Saint-Denis, auprès des sépultures royales. La réussite matérielle du peuple d’Angleterre suscite aussi son admiration. Il fait le lien avec le retard de la France dans le domaine économique et l’archaïsme de ses institutions.«
Nuances !

Faire la tête et se taire sont deux choses différentes. Faire la tête suppose une certaine mauvaise humeur, un stress, une colère, un ressentiment négatif, une rancœur que l’on fait comprendre par un visage fermé et non-réceptif au regard de l’autre, le dialogue visiblement interrompu.
Se taire, il s’agit seulement de ne rien dire. D’acquiescer gentiment, hocher la tête d’un air entendu en se privant d’émettre un avis, une opinion, un sentiment. Laisser l’autre parler et ne pas réagir, l’écouter et le regarder, impassible, passif, c’est cela se taire. C’est aussi une défense, une protection. En se taisant, on se prémunit de tout commentaire, jugement, critique et possibles insultes, on s’évite un stress prévisible. C’est une prévention contre l’hostilité et la méchanceté.
C’est différent d’ignorer. Ignorer c’est faire comme si l’autre n’existait pas et cela peut agacer et énerver son interlocuteur qui se sent moqué et provoqué. Ajouter du stress à la situation est une mauvaise idée.
Se taire fait de nous un simple spectateur en somme, un observateur, une écoute passive. Une présence inoffensive.
Avec l’expérience, on comprend que la parole est une prise de risque et une confiance accordée à l’autre sans savoir à l’avance si elle est méritée. S’exprimer c’est aussi s’ouvrir à l’autre, se dévoiler, montrer une partie de soi, révéler une information qui peut nous tenir à cœur. L’information peut être une denrée précieuse, pour certains, une denrée rare.
Les gens parlent beaucoup mais qui parle vrai, réellement sincère et honnête ? Combien de personne ont une voix à écouter et combien de personne ont-elles vraiment de la valeur ? Se priver de la voix de l’autre, se priver de ses lumières, est une bien malheureuse punition.
Cependant, le silence fait réfléchir et le calme incite à méditer.
Nos différences nous rapprochent et nous éloignent à la fois. Confronter ses idées permet de faire émerger des projets et des concepts. Ce n’est pas négatif.
La différence, voilà une chose qui effraye et peut provoquer la fuite. La différence peut entraîner la condamnation de ceux qui l’ont émise. Le soleil est au centre de notre galaxie. La Terre tourne autour du Soleil. Le Soleil n’est pas le centre de l’Univers. L’Univers est vaste. L’atome n’est pas le plus petit élément, il renferme d’autres éléments plus petits encore. Que de violences pour avoir affirmé ces faits ! Certains en sont morts parce qu’on ne les croyait pas, parce qu’ils pensaient différemment.
Nicolas Copernic et Galilée
Nicolas Copernic, effrayé et inquiet des réactions de son entourage prit la décision de publier Des révolutions des sphères célestes, que quelques jours avant sa mort. Il avait démontré la théorie de l’héliocentrisme qui avance que le Soleil est au centre de l’Univers et que la Terre tourne autour de lui.
Galilée a des ennuis aussi, Wikipédia : « Une fois les observations de Galilée confirmées par le Collège romain, les attaques changent de nature. Lodovico delle Colombe attaque sur le plan religieux en demandant si Galilée compte interpréter la Bible pour la faire s’accorder à ses théories. À cette époque en effet, et avant les travaux exégétiques du XIXe siècle, le Psaume 93 (92) pouvait laisser entendre une cosmologie géocentrique (dans la ligne : « etenim firmavit orbem terrae qui non commovebitur », littéralement « et de fait il a affermi l’orbe de la terre, qui ne sera pas ébranlé »). »
« Galilée, de retour à Florence, est inattaquable sur le plan astronomique. Ses adversaires vont donc critiquer sa théorie des corps flottants. Galilée prétend que la glace flotte parce qu’elle est moins dense que l’eau, alors que les aristotéliciens pensent que c’est dans sa nature de flotter (physique quantitative et mathématique de Galilée contre physique qualitative d’Aristote). L’attaque aura lieu durant un repas à la table du grand-duc Cosme II de Toscane au mois de septembre 1611.
Galilée est opposé aux professeurs de Pise et notamment à Lodovico delle Colombe, durant ce qu’on appelle la « bataille des corps flottants ». Galilée, par une série d’expériences, faisant varier la forme des corps, démontre que seule la densité influe sur la flottabilité. Quelques mois plus tard, il rédige un opuscule où il présente sa théorie. »
Dans l’Histoire, on a tué parce qu’on pensait différemment. On a aussi exilé mais également emprisonné. Combien d’auteurs ont fuit en Angleterre et en Suisse pour échapper à la censure de l’Etat français ? Eux au moins ne se sont pas tu. Ils ont fini par faire entendre leurs idées. Autrement, ailleurs, mais ils n’ont pas renoncé.
Rousseau
Wikipédia : « Afin de redevenir citoyen de Genève de plein droit, il réintègre le protestantisme avec l’appui du pasteur de Cologny, en présentant Thérèse comme sa garde-malade et en faisant intérieurement une nette distinction entre son acceptation de la religion officielle et sa croyance intérieure, ainsi qu’il s’en explique dans Les Confessions : « Il s’ensuivait que, voulant être citoyen, je devais être protestant. »
Durant les quatre mois de son séjour à Genève, il fréquente notamment Jean Jallabert, Jacob Vernet, Jacob Vernes, Firmin Abauzit ainsi que Paul Moultou, qui devient un ami inconditionnel. Il travaille à une traduction des Histoires de Tacite, ébauche une tragédie en prose intitulée Lucrèce et songe au plan de ses Institutions politiques. Mais il ne peut pas gagner sa vie à Genève comme il le faisait à Paris et prend conscience que la censure politique et ecclésiastique pourrait y être pire. Sa décision prise, il quitte la ville avec Thérèse le 10 octobre 1754 et, cinq jours plus tard, ils retrouvent leur logis à Paris.
Jean-Jacques savait depuis le 18 août que le jury de Dijon n’avait pas couronné son texte, invoquant divers prétextes. Prévoyant le coup, il avait fait des démarches dès le mois de juin en vue de sa publication auprès de l’imprimeur Marc-Michel Rey établi à Amsterdam. Celui-ci fait traîner les choses mais livre finalement les exemplaires un an plus tard, en mai 1755. »
« Rousseau ne s’adresse plus seulement à la société bourgeoise comme les artistes de cour ou les érudits des siècles précédents. Il n’a de cesse de s’adresser à un autre public, différent de celui de la haute société qui hante les salons littéraires. Son second discours suscite beaucoup moins de réactions que le premier. Progressivement, sa célébrité devient « funeste » selon ses propres termes, cette célébrité qu’il a cherchée comme une arme sociale se retourne contre lui, et il entre dans une paranoïa, confronté à la personnalité publique qu’est devenu « Jean-Jacques », celui que les gens veulent voir, rencontrer et dont des portraits circulent. »
« Durant cette période, Rousseau ressent la nécessité de changer de vie et de suivre le précepte qu’il fait figurer désormais dans de nombreux textes « vitam impedere vero (consacrer sa vie à la vérité) ». Tout d’abord, il change de tenue. « Je quittais la dorure et les bas blancs ; je pris une perruque ronde ; je posais l’épée ; je vendis ma montre en me disant avec une joie incroyable : Grâce au ciel, je n’aurai plus besoin de savoir l’heure qu’il est ». Par ailleurs, il quitte la ville pour s’installer à la campagne, d’abord à l’Ermitage en forêt de Montmorency, puis dans la maison du Petit Mont-Louis. Enfin, il refuse les places et les rentes qu’on lui offre. Pour rester libre, il gagne sa vie en exerçant le métier de copiste de musique. Il rompt, également, le lien fort qui existait entre lui et Diderot depuis 1742.
Pour Jean Starobinski, la pauvreté ostentatoire de Rousseau a une double visée. C’est d’abord une « démonstration de vertu à la manière stoïcienne ou cynique » destinée à alerter les consciences, à pointer du doigt l’inégalité sociale alors très forte. Par ailleurs, elle est une manifestation de la fidélité de Rousseau à son origine sociale. Toujours selon cet auteur, Rousseau a eu le génie de se conformer à un principe très à la Plutarque, qu’il énonce ainsi dans une lettre adressée à son père alors qu’il n’a que dix-neuf ans : « J’estime mieux une obscure liberté qu’un esclavage brillant. » »
Conclusion
A travers ces extraits de Wikipédia au sujet de personnalités célèbres et reconnues, on comprend le prix à payer pour s’exprimer. Les réflexions personnelles émises à travers cet article viennent compléter le tableau.
En tout temps, s’exprimer était un combat, un défi, une lutte. Faire entendre et reconnaître ses idées, faire admettre à son entourage, à son auditoire ses théories, ses opinions, ses découvertes, ses avis a toujours été difficile. Certains ont dû fuir leur pays pour se faire entendre, d’autres y ont été contraints, exilés par les autorités. D’autres encore ont été torturés, tués. D’autres aussi ont été emprisonnés puis libérés sous conditions.
A notre époque actuelle, les violences sont plutôt psychologiques et morales. La liberté d’expression est en théorie inscrite dans le code civil, la loi autorise la libre expression. En pratique, les jugements, critiques, commentaires, insultes, remarques, menaces, intimidations, humiliations, moqueries, une censure à demi mots est parfois clairement exprimée comme en politique où le parti de la gauche prévient d’une censure s’ils ne sont pas écoutés, si la réforme des retraites n’est pas abrogée. Une pression est donc exercée, le Premier Ministre a dû céder.
Dans la vie personnelle, de nombreuses familles rencontrent des difficultés de communication. Dans tous les milieux, s’exprimer est une épreuve.



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