Les facteurs humain dans l’univers aéronautique

Concernant, par exemple, la répartition de l’activité de l’aéronautique d’État par catégorie d’aéronef en 2024, on compte : les avions de combat, de transport, avions écoles et affrétés 50%, les hélicoptères légers, intermédiaires et lourds et affrétés 33%, ainsi que les drones 17%. L’aéronautique d’État représente près de 80 types d’aéronefs différents et comptabilise plus de 380 000 heures de vol par an.

En 2024, 80% de l’activité de l’aéronautique d’État est réalisé dans le cadre de missions au profit du ministère des Armées, en légère diminution par rapport à 2023 (87%). Il est à noter une forte augmentation de la prise en compte de l’activité aéronautique engendrée par les drones (17% des heures de vol 2024, contre 1.5% en 2023). 19 enquêtes déclenchées contre 17 en 2023, 3 personnes décédées en 2024 et 7 blessés dont 2 graves, 8 accident contre 1 en 2023, 11 accidents graves contre 16 en 2023.

Les aéronefs de la DGA, la DGDDI et de la DGPN n’ont pas connu d’incident ou d’accident conduisant au déclenchement d’une enquête du BEA-É. En 2024, le BEA a déclenché des enquêtes pour 7 avions, 10 hélicoptères et 2 drones. Conformément aux préconisations de l’OACI, le rapport d’enquête doit être publié dans les plus brefs délais et, si possible, dans les 12 mois suivant la date de l’événement. La durée de 12 mois constitue un objectif général pour le BEA-É, et fait l’objet d’un suivi régulier. En moyenne, 12 mois sont nécessaire pour produire des rapports et on compte 60% de rapports publiés en moins d’un an. En 2024, 10 rapports d’enquêtes de sécurité ont été publiquement diffusés. (https://www.defense.gouv.fr/sites/default/files/bea-e/Bilan%202025%20VFINALE_compressed-1.pdf)

« Quant aux facteurs humains, ils se concentrent sur les caractéristiques individuelles des employés, telles que leurs compétences, connaissances, attitudes, besoins et motivations. »

Les illusions sensorielles font partie des facteurs humains à prendre en compte : « le vol aux instruments pendant lequel un pilote passe continuellement des informations fournies par les instruments à celles qu’il capte directement du monde extérieur. Un conflit se crée alors entre les sensations ressenties et les images vues,

le vol de nuit durant lequel des représentations erronées apparaissent par rapport aux informations des instruments de bord et ceci en raison des repères visuels réduits au minimum,

le vol à très grandes altitudes qui favorise également les illusions visuelles en interagissant sur notre cerveau par la ligne d’horizon progressivement abaissée en dessous de l’horizon vrai,

les remises de gaz et leurs spécificités, mises en évidence par l’étude PARG du BEA font également partie intégrante des domaines étudiés. »

Ces exemples sont donnés par : https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/facteurs-organisationnels-humains#:~:text=Quant%20aux%20facteurs%20humains%2C%20ils,%2C%20attitudes%2C%20besoins%20et%20motivations.

Cette page donne un certain nombre d’informations importantes, des rapports d’enquête, des études, des sondages dont il est intéressant de prendre connaissance.

La fatigue, la surcharge de travail, le manque de repos, la baisse de vigilance sont évoqués.

Le site de la sécurité sociale, Ameli, nous en donne une définition : « L’asthénie, communément appelée fatigue, est un symptôme fréquent. Elle devient anormale lorsqu’elle perdure malgré le sommeil et le repos. Elle peut être passagère et réactionnelle (après un surmenage, lors d’une infection brève…), ou durable, en lien avec une maladie chronique ou une souffrance psychique. »

« Se sentir fatigué après un effort physique ou une activité intellectuelle intense est normal, dans la mesure où cette sensation disparaît en se reposant. »

« Le burnout ou syndrome d’épuisement professionnel se traduit par des manifestations, d’installation progressive. La fatigue est associée à des troubles émotionnels (anxiété, tristesse, manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité, absence d’émotion…), cognitifs (troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration…), comportementaux (repli sur soi, isolement, comportement agressif, ressentiment et hostilité, comportements addictifs…), motivationnels (désengagement progressif, baisse de motivation et de moral, effritement des valeurs associées au travail, dévalorisation) ou physiques (lombalgies, cervicalgies, crampes, céphalées, vertiges, anorexie, troubles gastro-intestinaux, etc.). » (https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/asthenie-fatigue/definition-symptomes-causes#:~:text=L’asth%C3%A9nie%2C%20commun%C3%A9ment%20appel%C3%A9e%20fatigue,chronique%20ou%20une%20souffrance%20psychique.)

D’où l’intérêt de savoir s’arrêter et faire des pauses quand cela est possible et de se ménager quand on sent qu’on en a fait trop. On a tendance à se jeter à corps perdu dans le travail par volonté de sérieux, d’assiduité, de responsabilité et par souci d’entretenir la confiance qui nous est accordée. Il faut apprendre à connaître ses limites et à ne pas s’oublier en route. Si on est moins performant parce que nos capacités ont baissé, notre rendement sera moindre et des erreurs seront vite arrivées.

« En psychologie, la vigilance est une forme d’attention soutenue de la part d’un individu (ou d’un groupe) occupé à accomplir une tâche particulière. Dans le cerveau humain, l’amygdale joue un rôle central dans l’attention vigilante, l’émotion et de l’apprentissage des réponses apportées à la peur. De nombreux métiers (ex gardien de nuit, contrôleur aérien, opérateurs sur machines dangereuses, chauffeurs, chirurgien, etc.) nécessitent une capacité à maintenir un haut niveau de vigilance durant de longues périodes ; capacité qui fait l’objet d’études en neurologie. » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Vigilance#:~:text=En%20psychologie%2C%20la%20vigilance%20est,r%C3%A9ponses%20apport%C3%A9es%20%C3%A0%20la%20peur.)

« Les avions de ligne modernes devenant de plus en plus numérisés et connectés, la surface des cyberattaques s’accroît en conséquence. Ce qui n’était autrefois qu’une menace futuriste est aujourd’hui une menace réelle. »

« Une étude de sécurité collective a donc été réalisée à l’initiative de la Mission Evaluation et Amélioration de la Sécurité de la DSAC. Elle a confirmé la menace que constituait la confusion possible entre le repère d’approche intermédiaire (IF), le point d’approche interrompue (MAPT) et le repère d’approche finale (FAF) ainsi que la non mise en valeur de ces points dans le cadre du cheminement banal sur les volets d’approches des fiches de percée. » Une étude a été menée en 2019 : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/evaluation_par_sondage_renommage_standardise_pbn_fin_2019.pdf

« « Le comportement borné des hommes en face de la nature conditionne leur comportement borné entre eux. »
Karl Marx – 1818-1883 – L’idéologie allemande, 1845-1846″

« Le comportement est la manière de se comporter, d’être, d’agir ou de se conduire pour un être humain. Par analogie, le terme comportement s’applique à l’animal en tant qu’organisme doté d’un système nerveux.
Synonymes : agissement, allure, attitude, conduite, manière.

En psychologie, le comportement désigne l’ensemble des réactions d’un individu qui peuvent être observées dans son environnement et lorsqu’il est placé dans des circonstances particulières.

Le comportement civique d’un individu est un comportement qui prouve son civisme et sa qualité de bon citoyen, fondés en particulier sur le respect des lois et des obligations envers les autres individus, l’Etat et les institutions de la société.
Synonymes : comportement citoyen, civilité.
Terme antinomique : incivilité. » (https://www.toupie.org/Dictionnaire/Comportement.htm#:~:text=D%C3%A9finition%20de%20comportement&text=Le%20comportement%20est%20la%20mani%C3%A8re,%2C%20attitude%2C%20conduite%2C%20mani%C3%A8re.)

Cinq principes :

Les gens font des erreurs,

La culpabilisation ne fonctionne pas,

Le comportement est dicté par le contexte,

L’apprentissage est la clé de l’amélioration,

Votre réaction est importante. (https://www.cat.com/fr_FR/blog/five-principles-of-human-and-organizational-performance.html)

Trois modes de performance humaine :

La performance basée sur les compétences, celle basée sur la connaissance et enfin celle basée sur les règles. « La compréhension de ces modes de performance est la clé de la compréhension de l’erreur humaine. » (https://tulip.co/fr/blog/human-performance-explained/)

La motivation et l’attitude influent sur la capacité et cette dernière améliore la performance. A son tour, le système, l’organisation et l’environnement ont un impact positif ou négatif sur ces éléments. Si l’environnement est nocif, la motivation sera plus faible et donc les capacités et les performances diminuées. Si le cadre de travail est favorable, bienveillant, agréable, l’envie de travailler et de contribuer à l’ensemble sera évident.

De même, comme vu précédemment, la charge de travail, la fatigue et le stress liés à l’environnement dans lequel l’individu évolue ne sont pas sans conséquences. Les processus cognitifs sont à prendre en compte, l’attention, la vigilance et la conscience de son environnement sont des données essentielles permettant de limiter les erreurs éventuelles. Les capacités cognitives comprennent notamment la concentration, la mémoire, l’attention, la vigilance, la réactivité dû aux pensées et réflexions au sujet d’une situation donnée en vue d’adopter la bonne attitude et de fournir la réponse adéquate à la problématique concernée.

Cela fait partie de l’environnement de travail mais l’équipe et la confiance qu’on lui accorde, l’ambiance qui y règne peuvent influencer le quotidien et les résultats de chaque tâche. Une atmosphère agréable, une bonne entente engendra une certaine complicité où chacun pourra anticiper afin de permettre à l’autre de réussir au mieux et dans les temps. A l’inverse, une mésentente peut conduire à de mauvaises communications et à un stress dissimulé, une retenue affirmée et impacter les tâches à rendre qui pourrait potentiellement subir des retards et des perturbations.

« C’est en 1970, dans la deuxième édition de son ouvrage Motivation and Personality, qu’apparaît l’exposé le plus complet de sa théorie de la motivation. Recherchant ce qui se cache derrière ces motivations, il met au jour cinq (groupes de) besoins fondamentaux : les besoins physiologiques, les besoins de sécurité, les besoins d’appartenance et d’amour, les besoins d’estime et le besoin d’accomplissement de soi. Cette taxinomie des besoins est, selon Maslow, universelle. En effet, le caractère particulier d’une motivation a pour origine les nombreux déterminismes tels que la culture, le milieu social ou l’éducation. Ainsi, une personne peut satisfaire son estime en étant reconnue comme un bon chasseur par ses pairs et une autre en possédant du pouvoir. En conclusion, derrière chaque motivation ou chaque objet de désir se cache un besoin fondamental.

Les besoins s’inscriraient dans le cadre d’une hiérarchie. Tous les besoins sont continuellement présents, mais certains se font plus sentir que d’autres à un moment donné. Par exemple, une personne démunie de tout est capable de mettre en péril sa vie pour se nourrir (dans ce cas, on observe que les besoins physiologiques ont plus d’importance que les besoins de sécurité). Autre exemple : le bizutage (les besoins d’estime ne se font pas sentir avant que les besoins d’appartenance ne soient relativement satisfaits).

En conclusion, lorsqu’un groupe de besoins est satisfait un autre va progressivement prendre la place selon l’ordre hiérarchique suivant : besoins physiologiques > besoins de sécurité > besoins d’appartenance et d’amour > besoins d’estime > besoins d’accomplissement de soi.

Remarque: lorsqu’un besoin précédent n’est plus satisfait, il redevient prioritaire. » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pyramide_des_besoins)

Dans le cas du pilotage, on retrouve par exemple, les besoins physiologiques suivants : altitude, accélération, perception visuelle, pression du temps, stress, prise de décision. Il faut prendre en compte la gestion des ressources afin de conduire un vol en sécurité : le système avion, la documentation, la météo, l’ATS et les passagers.

L’humain n’est pas une machine, il a ses limites et chaque individu doit savoir bien se connaître afin de les repérer et de les appréhender. Le cerveau humain doit gérer la mémoire, mener des raisonnements, commander et coordonner des gestes et assurer le bon fonctionnement de nos sens. Si la barre des 80% est dépassée et surtout maintenue, il y a un risque de surcharge, en dessous de 50%, un risque d’assoupissement. Il faut apprendre à gérer la charge de travail afin d’éviter la surcharge et la sous-charge.

« La mémoire à long terme (MLT), comme son nom l’indique, a pour fonction de stocker les informations pour une durée illimitéeSa capacité de stockage est immense, si bien que ses limites n’ont à ce jour pas été déterminées. La mémoire à long terme est divisée en 2 types de mémoire, la mémoire explicite, dite déclarative, et la mémoire implicite, dite non déclarative.

On parle de mémoire à long terme explicite, ou déclarative, lorsqu’on se rappelle consciemment des informations enregistrées et qu’elles peuvent être exprimées par le langage. La mémoire explicite regroupe la mémoire sémantique et la mémoire épisodique.

Par opposition, la mémoire implicite, ou non déclarative, concerne les informations qui sont stockées dans l’inconscient et qui ne nécessitent pas d’effort mental pour être mises en pratique. La mémoire implicite comporte un type de mémoire : la mémoire procédurale, et plusieurs mécanismes de mémorisation que sont l’amorçage, les réflexes conditionnés et les conditionnements émotionnels.

Les conditionnements émotionnels et les réflexes conditionnés : Les conditionnements émotionnels, parfois appelés « mémoire émotive » est la mémoire responsable du couplage d’un souvenir avec une émotion, issu de l’étroite communication entre l’hippocampe, clé de la mémorisation, et de l’amygdale, structure impliquée dans la réponse émotionnelle. Les réflexes conditionnés, eux, sont responsables d’une mémorisation réflexe telle que mis en évidence par Pavlov en 1903. Il s’agit d’une mémoire réflexe progressivement mise en place à la suite d’un conditionnement, d’une répétition d’un évènement sur une période plus ou moins longue.

L’amorçage : Ce processus de mémorisation, ou de restitution d’une information est directement lié à nos expériences. Il est souvent associé avec une répétition d’un stimulus ou avec un évènement à forte valeur émotionnelle. Il va servir, par exemple, à retrouver le nom d’une personne à partir des premières lettres de son prénom, le titre d’une musique avec les premières notes, ou encore un slogan publicitaire avec les premiers mots. C’est également grâce à cet effet d’amorçage que vous serez capable de reconnaître un objet avec seulement quelques coups de crayons. Le phénomène d’amorçage est omniprésent dans notre société et est souvent réquisitionné à des fins récréatives.

La mémoire à court terme (MCT), ou mémoire de travail sert à stocker des informations pendant une brève durée, d’à peine une seconde à quelques minutes après leur entrée dans le cerveau. Elle n’est pas complètement isolée du système de mémoire précédent, puisqu’elle peut aussi constituer la première étape d’une mémorisation à long terme, dans le cadre du processus d’apprentissage par cœur par exemple.

La mémoire de travail désigne notre capacité à conserver des informations en mémoire et à les manipuler en vue d’effectuer une tâche. C’est la mémoire de travail qui est sollicitée lorsque l’on écoute un cours tout en prenant des notes, lorsqu’un serveur prend une commande, lorsque l’on continue la phrase que nous avions commencée après avoir été interrompu. »

Ce sont des extraits du présent article instructif : https://www.francealzheimer.org/memoire-long-terme-court-terme/?gad_source=1&gad_campaignid=22582071249&gbraid=0AAAAADtf9W91t88VsM5bGmr-aHh1xU9ar&gclid=CjwKCAiAoNbIBhB5EiwAZFbYGERv4KDFwOpGsHUPvE7jgu-ulPaJRRLEDQxYon027tDxKbd9PcW1khoCQPoQAvD_BwE

En automatisant ses comportements, on peut mieux gérer nos ressources : c’est-à-dire en mettant en place des routines, en exploitant nos connaissances, à l’aide de schémas, en étalant dans le temps et en gérant les priorités.

Des sources d’erreur sont à surveiller :

La fatigue qui peut engendrer un risque de somnolence voire de sommeil et une hypovigilance.

La concentration peut être source de stress si elle provoque des tensions insurmontables. La complexité temporelle peut être aussi stressante.

La charge de travail peut augmenter rapidement dans un temps très court.

C’est pourquoi il est important d’apprendre à se connaître et avoir conscience de ses limites.

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« Tous les arbres résonnent
Et tous les nids chantent
Qui donc tient la baguette
Dans le vert orchestre de la forêt?

Est-ce là-bas le vanneau gris,
Qui sans cesse hoche la tête, l’air important?
Ou est-ce le pédant qui tout là-bas
Lance toujours en rythme son coucou?

Est-ce cette cigogne qui, la mine sérieuse ,
Et comme si elle dirigeait,
Craquette avec sa longue jambe
Pendant que tous jouent leur musique?

Non, c’est dans mon propre cœur
Qu’est le chef d’orchestre de la forêt ,
Et je le sens qui bat la mesure,
Et je crois bien qu’il s’appelle Amour. », Heinrich Heine