La douleur

Les mots font mal, ils sont marquants, on s’en souvient longtemps. Des propos peuvent nous porter atteinte profondément et durablement, jusqu’à nous traumatiser.

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Que ce soit un simple mot ou une phrase entière, on n’oublie pas. Si c’est dit c’est que la plupart du temps, cela a été pensé. La plupart du temps parce qu’il arrive que l’on parle sous le coup de l’émotion, de la tristesse, de la colère, qu’on se soit emporté et qu’on le regrette ensuite. Les remords ne conduisent pas forcément à la formulation d’excuses et les excuses ne donnent pas forcément lieu au pardon. Tout dépend de la gravité des mots prononcés.

Ces mots ne sont pas toujours des insultes. Cela peut être des propos visés tellement juste, touchant à un point bien particulier de façon telle qu’ils sont très douloureux. Ils peuvent même constituer une menace et effrayer parce qu’on s’inquiète des conséquences qu’ils pourraient engendrer.

L’émetteur de ces propos est bien souvent exempt de conscience de faire du mal parce que pour lui, ces derniers reflètent la vérité et sont justement énoncés.

Une insulte ou des insultes répétées continuellement, presque quotidiennement s’apparentent à du harcèlement moral. On se sent poursuivi par ces mots et l’insistance avec laquelle ils sont prononcés comme si ils étaient martelés à l’esprit pour mieux les assimiler sauf qu’on ne veut plus les entendre mais l’interlocuteur n’a de cesse de persister dans son action.

Là encore sans se rendre compte du mal qui est engendré. Cette inconscience interroge. La normalisation de telles prises de paroles nocives et invasives est choquante et pourtant bien acceptée par les alliés de son initiateur.

Comme toujours, la victime est seule, incomprise et ignorée. C’est elle la coupable, responsable de ce stress ambiant et de cette atmosphère pesante. Parce qu’elle ose réagir et se défendre, suppliant que son calvaire prenne fin mais cette tentative est rapidement déjouée et la situation s’envenime, la tension monte d’un cran. La peur s’intensifie.

La masse écrasante

L’effet de la majorité fasse à la minorité voir un individu isolé est sans appel. Si ce n’est pas qu’une personne qui dit ces mots qui font mal mais un groupe de personnes, comment lutter? Si tous tiennent le même discours, comment répondre ? Comment lutter si ce n’est finir par s’effacer et se faire tout petit. Se sachant impuissant, à la longue, on comprend sa défaite. Longtemps, on s’est battu, en vain, faible. Seul, notre voix ne peut être entendue.

Dans cette société individualiste et indépendante où chacun vit sa vie et paradoxalement où beaucoup reproduisent ce que fait la majorité, les rares qui se démarquent sont mal vus parce qu’ils dévient de la trajectoire commune.

Pour appartenir à une société, il y a des codes sociaux : une tenue vestimentaire, un langage, une mentalité, des mœurs. Celui qui agit différemment est considéré comme anormal et bizarre. Là encore, une petite minorité peut se réveiller et s’exclamer que son idée est géniale, que son concept en vaut la peine, que sa pensée est novatrice et visionnaire même si tout changement est peu apprécié. Chaque modification apportée crée la polémique et le scandale jusqu’à fréquemment entraîner des grèves et manifestations.

La différence effraie. C’est la morale du Vilain Petit Canard. Né different des autres, il est rejeté par sa famille puis rejeté des autres jusqu’au jour où il se joint à des cygnes et par surprise, il est accepté et finit par se transformer en un magnifique cygne plus beau que jamais.

Quand ces mots émanent d’une proche relation

https://nospensees.fr/les-mots-font-mal-uniquement-quand-on-estime-la-personne-qui-les-dit/

Évidemment, si c’est une personne pour qui on a des sentiments, la portée des propos n’est pas la même.

Si c’est une personne qui est sensée être de confiance, qu’on connaît depuis toujours, une insulte, un propos blessant est d’autant plus mal vécu.

Auprès d’une personne qu’on aime, on a envie de lui plaire, de lui convenir, qu’elle soit fière de nous, de partager ces expériences et ses projets avec elle, on recherche son soutien et ses encouragements, sa bienveillance et son enthousiasme.

Si cette personne tient des propos dévalorisants et défaitistes, insultants et humiliants, l’effet est destructeur. On tombe de haut en se disant voilà le fond de sa pensée, c’est tout ce que je suis pour elle, tout ce que je représente.

De façon innée, on a tendance à espérer beaucoup d’une personne qu’on aime, en particulier si c’est un membre de la famille. Les sentiments naturellement ressentis pour cette personne font qu’on lui accorde spontanément sa confiance. En grandissant et en évoluant dans le cercle familial, tout ceci est normal et commun à tous. La famille c’est la famille dit-on. Les faits sont bien établis.

Alors quand on fait face à une période de tension, un moment compliqué, quand de la bouche d’une personne d’une telle importance des mots si graves en sortent, c’est la consternation. Les larmes en coulent, le coeur est brisé, on est meurtrie.

On se demande comment c’est possible. Après ce long vécu ensemble, que de telles pensées lui traversent l’esprit et que ces pensées soient matérialisées en mots et prononcés avec une telle violence. Submergé par l’émotion, on ne s’en relève pas. Si ces faits sont répétés encore et encore, ces mots sonnent comme une confirmation et le mal est bien encré. Le caractère définitif est déclaré.

Comment s’en relever?

C’est une bonne question.

Faire profil bas, éviter d’émettre des opinions et de faire part de ses sentiments, se faire oublier afin que les insultes et propos blessants voir menaçants ne soient pas alimentés. Cela peut limiter leur répétition mais leur effet est définitif, le mal est déjà fait depuis longtemps, il ne peut qu’être amplifié.

Prendre ses distances et se revaloriser à travers un projet enthousiasmant qui remet du baume au coeur aide. L’espoir renaît et on entrevoit du positif dans un avenir proche. C’est motivant et entraînant.

Bien sûr, cela n’efface rien. Tout reste en l’état, rien n’est résolu. Mais lorsqu’une situation ne peut être remédiée, le mieux qu’on puisse faire est de s’en éloigner pour en souffrir moins. Il faut parfois savoir s’écarter pour mettre un terme à un conflit. S’isoler et s’enfoncer un peu plus dans la solitude est triste mais quelques fois nécessaire pour survivre.

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« Tous les arbres résonnent
Et tous les nids chantent
Qui donc tient la baguette
Dans le vert orchestre de la forêt?

Est-ce là-bas le vanneau gris,
Qui sans cesse hoche la tête, l’air important?
Ou est-ce le pédant qui tout là-bas
Lance toujours en rythme son coucou?

Est-ce cette cigogne qui, la mine sérieuse ,
Et comme si elle dirigeait,
Craquette avec sa longue jambe
Pendant que tous jouent leur musique?

Non, c’est dans mon propre cœur
Qu’est le chef d’orchestre de la forêt ,
Et je le sens qui bat la mesure,
Et je crois bien qu’il s’appelle Amour. », Heinrich Heine