Dès l’enfance, introvertie et en silence, au fond de moi, je me suis construite, petit à petit sans que personne ne soupçonne le fond de ma pensée, bouillonnante à l’intérieur. Discrète, ma présence était remarquée et quelques-uns m’appréciaient.

Nombreuse fratrie, une mère au foyer, un père occupé, un chien, des chats. Des histoires et des anecdotes.

Spectatrice et observatrice, à l’écoute, je suivais les actualités du quotidien.

Enfant, les grands comme ils se désignaient, s’exprimaient en anglais puis en allemand avant de retourner au français. La porte close, à l’abri des regards et des oreilles, les voilà qui discutaient.

Intriguée, j’aurais bien aimé les rejoindre et participer, curieuse de leurs débats qui semblaient parfois animés.

Cela faisait partie de l’éducation et de la mentalité, les enfants devaient rester à l’écart des conversations des grandes personnes. Les enfants sont trop petits pour comprendre et il ne faut pas les brusquer par des propos qui ne seraient pas en âge de comprendre.

Cela crée bien des mystères dans la tête d’un enfant intelligent qui réfléchit.  Un enfant qui est considéré comme ignorant de par sa jeunesse et son manque d’expérience. Il est dit qu’une fois adulte, un individu conserve peu de souvenirs de son enfance, c’est la science qui le prétend. Je dirais que c’est au cas par cas.

Certains ne se préoccupent guère du passé et vivent au jour le jour oubliant rapidement les événements de la veille.

D’autres se rappellent longtemps des faits passés.

Les adultes peuvent, par leur âge avancé et leur expérience, affirmer que les enfants se trompent et font fausse route. Cela leur est bien aisé et ce n’est pas un autre adulte qui le contredirait. On dit que la vérité sort de la bouche des enfants mais au final, qui les écoute ? Leur discours est suivi comme une farce qui amuse la galerie. L’enfant fait son cinéma, il fait le pitre, il fait son intéressant, il essaye d’attirer l’attention et s’il continue, il pourrait recevoir une bonne correction. Qu’il est bruyant et bien ennuyeux à la fin !

On lui prête une oreille jusqu’à un certain point avant de lui sommer de s’arrêter ou bien, en le consolant et en lui assurant qu’il fait erreur et que tout va bien, qu’il se fait des idées et que son chagrin va passer, que dans un moment, il pourra sécher ses larmes et oublier.

Les adultes ne profitent-ils pas de leur position pour mentir aux enfants ? N’est-ce pas eux qui parfois leur racontent des histoires ? Des histoires pour avoir la paix, parce qu’ils ont mieux à faire, des histoires pour mettre un terme à ses sanglots qui leur font de la peine, pour le voir sourire sans se préoccuper du sérieux de son chagrin et de sa situation.

Les adultes sont occupés, les adultes sont pressés. Ils ont mille choses à faire chaque jour.

Les enfants ne s’en rendent pas compte. Qu’est-ce qu’un travail ? Qu’est-ce que l’argent ? Des notions bien floues. Qu’appelle-t-on le coût de la vie ? Les parents ont des ennuis, ils semblent soucieux, à quoi pensent-ils ainsi préoccupés ?

Dans ce temps de l’innocence, un enfant ne connaît pas ces choses. Il suit sa mère, naïf, sans se poser de question, elle est son guide, sa boussole. La connaît-il vraiment ? Entre l’image qu’elle lui montre et ce qu’elle est aussi ? Quelles sont les facettes qu’elle lui dissimule ? L’enfant n’est pas dupe malgré les apparences. Il remarque, il constate, il commente, il questionne, il s’intéresse. L’enfant comprend si sa mère est heureuse ou si elle ne l’est pas et à son tour peut la consoler, la réconforter, comme il aime sa mère !

Et si un jour, il découvrait qu’elle était bien différente de ce qu’il a toujours cru qu’elle était ? Comment il réagirait ? S’il découvrait qu’elle avait dit ceci et cela, fait ceci et cela, qu’elle n’était pas l’être parfait qu’il s’imaginait ? Comme il serait déçu et tomberait de haut ! N’est-ce pas la raison, au fond, pour laquelle sa mère ne lui dit rien ? Elle dit qu’elle ne veut pas l’inquiéter, ni lui faire de la peine, encore moins l’effrayer, que c’est pour son bien. Croyant en sa bienveillance, il ferme les yeux mais en grandissant, il se met à comprendre et tombe des nues.

N’est-ce pas aussi pour protéger son image qu’elle reste discrète sur sa vie privée qu’elle sépare de sa vie avec son enfant ?

Y a-t-il de la gêne, de l’embarras, de la honte au fond d’elle ? De l’impuissance aussi, elle sait qu’il est trop petit et ne pourra rien pour elle, que ce sera trop compliqué à lui expliquer.

Finalement, un enfant est dans l’ignorance d’une grande partie de la vie de sa mère. Lui qui croit bien la connaître ne sait pas grand-chose, seulement le peu qu’elle accepte de lui dévoiler. Aveuglé par ses sentiments, son amour est inconditionnel, inné, c’est sa mère. Réciproquement, c’est son enfant. L’être qu’elle a porté en elle neuf mois, qu’elle a mis au monde, allaité, l’être qu’elle a engendré, une partie d’elle-même. Comment cela pourrait en être autrement ?

Cela paraît tellement naturel, spontané, normal, logique, un fait bien établi dans toutes les consciences et pour tous les êtres vivants sur la planète.

Il ne faut pas rester sur ses acquis et il faut parfois accepter d’ouvrir son esprit à la nouveauté et à l’originalité. Les vérités universelles ne sont pas forcément générales.

Des nuances et des exceptions sont à prendre en compte. Des faits sont à concevoir.

L’amour d’une mère

Aussi infini

Que le ciel à perte de vue

Aussi profond que son regard

Qu’elle lance à notre égard

S’inquiétant à tout instant de notre vie

Imaginant le pire

Alors qu’il n’en est rien

Tant qu’elle veille pour notre bien

Dans ses yeux, on l’a lu

Cette sérénité reçue

Eloignant tout danger pouvant nous nuire

Son affection nous comble

Sans nulle intention de fuir,

On se rapproche de cet amour

Que l’on croit parfait

Tant qu’il nous est naturellement essentiel

D’une durée éternelle

D’une indéfinissable intensité

Au-delà du ciel étoilé

Que l’on admire

Impuissant et dominé

Par son immensité

Et sa présence en ligne de mire

On ne peut que le remarquer

Il est là au dessus de notre tête

Tout comme notre mère

On guette par la fenêtre

La venue d’une comète

En quête d’un vœu à lui soumettre

Souhaitant qu’il se réalise

Elle décide tout à sa guise

On ne peut que croiser les doigts

En espérant qu’elle cède à notre requête

Plus ou moins bête

Comparé à son expérience

Qu’elle tente de nous transmettre

Tant bien que mal

Moins facile qu’on ne pense

Bien qu’on soit ses trésors,

Ses anges, il faut bien avouer que parfois,

On la fatigue et l’épuise,

L’instant d’une pause,

On devrait faire un effort

Afin qu’elle se repose

Pour elle qui se bat tant pour nous

Offrir le meilleur chaque jour

Qu’on remercie

Par tout l’amour

Qu’on lui voue

Dans notre cœur

En l’absence d’exemple de modèle familiale normal, comment construire une famille heureuse ?

On fera le choix de ne pas reproduire tout ce qu’on juge inapproprié et révoltant. En observant les uns et les autres, on se dira ce qui est bon ou non de reproduire. On voudra donner à ses enfants tout ce qu’on n’a pas reçu et tout ce qu’on n’a pas eu la chance de recevoir, tout ce qu’on ne nous a pas transmis et qu’on regrette.

Ceci dit, cela donne l’impression d’un exutoire, une façon de se rattraper, une réponse à sa famille, leur montrer comment devrait se passer les choses selon nous, présenter sa vision des choses.

Alors qu’en fait, on souhaite simplement le bonheur et l’épanouissement de nos enfants et leur donner une bonne éducation qui leur permettra de s’en sortir dans la vie.

Mon corps m’appartient

Qui a le droit de prétendre que c’est le sien

En refusant la venue d’un enfant

En voulant imposer la pilule, l’avortement,

Comment peut-on affirmer que c’est un choix

De donner naissance ou pas

D’interrompre une grossesse

Mettre fin au développement d’un petit être,

Quelle bassesse !

Comment peut-on déconseiller d’être mère

Ne pas se montrer solidaire

Causer un tel chagrin

En prétendant faire le bien

Ne se rendant pas compte des conséquences, de l’atteinte portée

A une femme prête à enfanter

Pourquoi ne pas essayer de comprendre

Ses sentiments, sur elle en apprendre

Que son rêve se réalise

Au plus tôt,

Que son sourire domine à nouveau

Une belle surprise !

Dans un tel contexte familial, comment faire confiance en son partenaire ? Comment être sûr qu’il ne s’en ira pas à la première occasion quand on a en tête l’image de nos parents ?

Des femmes refusent de se lancer dans l’aventure maternelle de crainte qu’elle ne tourne au vinaigre. Quelle garantie de confiance ? L’amour ? Mais si notre propre père a été capable de nous laisser alors pourquoi notre compagnon agirait-il différemment ? Les hommes ne sont-ils pas tous les mêmes ?

Dans cette croyance, des femmes décident de se limiter dans l’engagement et la confiance qu’elles accordent à l’homme avec qui elles partagent leur vie. Ce dernier désireux d’avoir des enfants malgré la méfiance de sa compagne se sent bien impuissant et démuni. Malgré ses propos rassurants et l’assurance de ses sentiments, il ne parvient pas à la faire céder, son refus est définitif. Bientôt la ménopause mettra un terme à ses chances de fonder une famille avec la femme qu’il aime mais ne voulant pas la perdre, il décide d’y renoncer et de rester avec elle quoiqu’il en coûte, une preuve d’amour incontestable.

Voulu de personne

Venue redoutée

Idée de tous rejetée

Dans l’avenir résonne

Dans l’entourage sonne

Comme une mauvaise note

Une nouvelle désolée

Un projet désué

De quelqu’un la faute

La colère gronde,

Les premières réactions se confondent

Le verdict tombé,

Dans l’inconnu s’est jeté,

Cette femme, engrossée

Comme ils disent, sans pitié

Sans cœur, la jugent

Les critiques fusent

Elle aimerait filer

Seule avec son bébé

Pas encore né et déjà controversé

Difficilement accepté

Il faudra du temps

Doucement, il grandit

Dans son ventre, à l’abri

Au chaud, son enfant

Le sien, son trésor

Baigné d’amour, dort

Présente, elle le réconforte

Elle se protège, elle reste forte

Quoi qu’on en dise,

La voilà mère

Heureuse et conquise

Son bébé, elle en est fière !

Source de la photo : Google.

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« Tous les arbres résonnent
Et tous les nids chantent
Qui donc tient la baguette
Dans le vert orchestre de la forêt?

Est-ce là-bas le vanneau gris,
Qui sans cesse hoche la tête, l’air important?
Ou est-ce le pédant qui tout là-bas
Lance toujours en rythme son coucou?

Est-ce cette cigogne qui, la mine sérieuse ,
Et comme si elle dirigeait,
Craquette avec sa longue jambe
Pendant que tous jouent leur musique?

Non, c’est dans mon propre cœur
Qu’est le chef d’orchestre de la forêt ,
Et je le sens qui bat la mesure,
Et je crois bien qu’il s’appelle Amour. », Heinrich Heine