« L’emprise est un ensemble de mécanismes qui permet à un individu d’exercer son pouvoir sur le psychisme de l’autre, sans tenir compte du vouloir de l’autre. Le contrôle constitue un des éléments du processus d’emprise.

L’agresseur prend progressivement possession de la vie de l’autre en la commandant, dans le but de la dominer.

Ce contrôle peut prendre des formes différentes : contrôle des tenues vestimentaires, des relations sociales,  etc …

Petit à petit, la victime est isolée de sa famille, de ses amis et de son travail … Au départ de l’emprise, il y a toujours séduction. Son apparition est insidieuse et source de confusion pour la victime. Le fait que les passages à l’acte violents peuvent être intercalés avec des phases de répit ou de tendresse amène la victime à douter de ses propres perceptions de danger et à se culpabiliser quant aux agressions. Le processus d’emprise et d’isolement fait en sorte que les départs sont particulièrement difficiles pour la victime.  Statistiquement, environ 6 départs seront tentés avant un départ définitif. » https://aidesauxfemmes.gard.fr/le-concept-demprise/

« Du point de vue psychanalytique, c’est une relation de soumission de l’autre qui est considéré comme un objet, associée à l’impossibilité d’accepter l’autre dans sa différence et à la satisfaction de ses propres désirs au détriment du désir de l’autre, qui est nié.

Ce phénomène s’articule en 3 dimensions : l’appropriation, la domination, l’empreinte sur l’autre (marque physique et psychique)

* La séduction pour commencer :

La rencontre peut être vécue comme fusionnelle, avec un homme qui correspond exactement aux attentes de sa future compagne. Cet « accrochage » est parfois facilité par la complémentarité psychique de deux individus et par des facteurs de vulnérabilité chez la femme, d’ordre social et/ou psychologique. Cet amour idéal(isé) constitue la préparation psychologique à la soumission.

* Puis viennent la manipulation, la domination et la violence :

La manipulation amène la confusion, l’isolement, la culpabilisation. Elle repose sur différents moyens qui peuvent être : comportementaux = surveiller l’autre, l’isoler (travail, famille, amis) , créer une dépendance financière…, émotionnels = manipulations verbales et chantage, cognitifs = contrôle du langage et de la communication en utilisant des messages contradictoires. Ce processus d’instrumentalisation engendre une modification de conscience : perte de confiance, déstabilisation, confusion, effondrement de la capacité critique, doute sur le propre ressenti, sentiment de vide. Il existe un épuisement psychique et physique.

* Des mécanismes d’adaptation se mettent en place chez la victime :

la dissociation psychique se définit par une altération de l’identité, de la mémoire, de la conscience et de la perception de l’environnement (en lien avec un vécu traumatique).

L’impuissance apprise est la diminution des capacités à trouver une solution. Elle fait disparaître le désir de s’en sortir.

L’augmentation du seuil de tolérance tend à la normalisation des violences.

L’inversion de la culpabilité (au détriment de la victime).

La protection de son agresseur.

Un état de stress post traumatique. » https://declicviolence.fr/p/lemprise-mise-en-place-et-strategie-des-auteurs

Des témoignages illustrent ce phénomène.

« « On ne sait jamais à quel moment ça bascule. Au début, il te montre à quel point tu es bien, puis, petit à petit, la dévalorisation commence. »Elise

Chez Élise, la violence n’a pas pris la forme de coups. C’était une guerre des mots, une destruction à petit feu de sa confiance. « Ce n’étaient pas des insultes. C’étaient des phrases comme : « Le CDI que tu as eu, c’est grâce à moi. » Tout était grâce à lui. Le moindre succès, le moindre accomplissement, c’était toujours lui.« 

Peu à peu, elle perd confiance.

« Je n’avais aucun repère sain. Je pensais que je n’étais rien sans lui. »Elise

À chaque dispute, le même mécanisme : la culpabilité.

« On ne pense jamais que c’est lui le problème. On se demande ce qu’on a dit, ce qu’on a mal fait. »Elise

Pendant onze ans, Élise vit enfermée dans ce cycle. Elle tente de partir, plusieurs fois. Mais chaque tentative se transforme en promesse de changement, en manipulation.

Ce choc met fin à onze années d’aveuglement. Élise décide de partir, cette fois pour de bon. Le divorce est long, douloureux. « Il a tout fait pour me retenir. Il parlait de nos problèmes aux clients de notre entreprise. J’ai tout arrêté, tout recommencé. » https://la1ere.franceinfo.fr/guadeloupe/temoignage-sous-emprise-psychologique-pendant-onze-ans-le-combat-d-elise-pour-reprendre-sa-vie-en-main-1641946.html

« Je venais de me séparer du père de mon fils, trois mois plus tôt, quand j’ai été abordée par un homme, client de l’entreprise où je travaillais. C’était en 2010. Il s’est tout de suite montré réconfortant, me disant des choses que j’avais besoin d’entendre. On s’est revus, mais je n’étais pas prête pour une nouvelle relation. Quand j’ai voulu y mettre un terme, quinze jours après qu’elle a commencé, il m’a fait une scène et j’ai accepté de continuer. Il répétait qu’il avait besoin de moi. Je me suis laissée embarquer. Au bout de six mois, j’ai quitté mon appartement et on a emménagé ensemble. Puis il m’a parlé d’une société qu’on pourrait créer tous les deux. Je me suis sentie pousser des ailes. En réalité, j’étais « gérante de paille » de notre entreprise. Je n’avais pas la possibilité de décider de quoi que ce soit.

Les moments où il devenait agressif se sont répétés. Les violences ont commencé. Et il m’a éloignée de ma famille. J’ai essayé de partir, je l’ai fait deux fois. Pourtant je suis revenue, parce qu’il m’expliquait qu’un traitement lui causait des sautes d’humeur. Je me suis retrouvée enfermée dans une spirale dont je ne parvenais plus à sortir. Les violences verbales m’ont fait devenir l’ombre de moi-même. J’ai perdu confiance en moi. Je me pensais nulle, pas belle… Mais il y avait la société, qui nous liait. J’étais prise émotionnellement et financièrement. J’avais peur. D’autant que je savais qu’il était armé. Il avait un 22 Long Rifle, mais je ne l’ai jamais questionné là-dessus.

Quand je conduisais mon fils chez son père, mon nouveau compagnon calculait le temps que je mettais. Si c’était trop long pour lui, j’avais droit à un scandale : il me jetait de la vaisselle au visage, il m’insultait. Le jour où j’ai réussi à partir, c’est quand il a donné un coup à mon fils, qui avait 4 ans. Ça a été un déclic. » https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/temoignage-il-etait-comme-un-loup-autour-de-sa-proie-fannie-raconte-trois-ans-d-emprise-44bc5926-0b80-11ed-b097-79e7b59b36c3

Des mots clés sont donnés dans cette exposition qui soutient les femmes :

Peur, isolement, tabou, humiliation, résignation, désespoir, déclic et résilience.

https://www.elle.fr/Societe/L-actu-en-images/Violences-faites-aux-femmes-les-actrices-s-exposent#Alexandra-Lamy-Resilience

« Vous vous sentez coupable, honteux ou responsable de tout ce qui se passe mal dans la famille. 

Vous avez peur de décevoir, de contrarier ou de provoquer la colère de vos proches

Vous avez du mal à exprimer vos besoins, vos envies ou vos opinions, par crainte d’être rejeté, critiqué ou ridiculisé. 

Vous vous adaptez constamment aux attentes, aux exigences ou aux humeurs de vos proches, au détriment de vos propres intérêts. 

Vous vous isolez progressivement de vos amis, de vos activités ou de vos projets personnels, pour ne pas froisser ou déplaire à votre famille. 

Vous subissez des remarques blessantes, des reproches incessants, des chantages affectifs ou des menaces de la part de vos proches. 

Vous ressentez un mal-être permanent, une anxiété chronique, une dépression ou une perte d’énergie.

L’emprise familiale comme l’aliénation parental vise à contrôler les pensées, les émotions et les comportements d’un membre de la famille.

Les signes de l’emprise familiale peuvent être :

  • L’isolement : le manipulateur cherche à couper la victime de ses amis, de sa famille ou de ses activités extérieures.
  • La culpabilisation : le manipulateur fait porter à la victime la responsabilité de ses problèmes, de ses échecs ou de ses malheurs.
  • La dévalorisation : le manipulateur critique sans cesse la victime, la rabaisse, la ridiculise ou l’humilie.
  • La confusion : le manipulateur change souvent d’avis, de discours ou de comportement, ce qui désoriente la victime et la rend dépendante de son approbation.
  • La peur : le manipulateur menace, intimide ou agresse la victime, que ce soit verbalement, physiquement ou sexuellement. » https://www.self-attitude.fr/emprise-familiale.html

Vous êtes libre et maître de vous-même. Personne n’a le droit de vous contraindre à quoique ce soit, vous devez avoir votre mot à dire dans les prises de décisions, vous devez pouvoir vous exprimer pleinement sans crainte ni appréhension. La liberté est sensée être un droit fondamental et universel.

Chaque individu a sa propre personnalité, son caractère, sa mentalité et a le droit de demeurer lui-même. Nous sommes tous uniques et il faut apprendre à vivre avec nos différences. Faire preuve de tolérance en acceptant l’autre sans jugement est essentiel.

Chaque individu est libre d’exprimer des souhaits, des vœux et de faire part de ses besoins dans la vie, d’entreprendre des projets, de réaliser des rêves, de construire sa vie comme il l’entend. La seule limite devrait être soi-même.

A partir du moment où on se sent prisonnier d’une relation, d’un lieu, d’un environnement, d’une organisation… Que l’on sent que les choses nous échappent, que tout s’envenime et s’enlise sans que l’on ne puisse contrôler quoique ce soit…Que notre identité, notre parole s’effacent…C’est le signe qu’il faille réfléchir et agir rapidement avant que la situation ne s’empire et ne s’intensifie. Soyez vigilant et alerte.

Ne sacrifiez jamais votre liberté. Elle n’est nullement négociable, en aucun cas. Restez toujours vous-même quoiqu’il arrive.

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« Tous les arbres résonnent
Et tous les nids chantent
Qui donc tient la baguette
Dans le vert orchestre de la forêt?

Est-ce là-bas le vanneau gris,
Qui sans cesse hoche la tête, l’air important?
Ou est-ce le pédant qui tout là-bas
Lance toujours en rythme son coucou?

Est-ce cette cigogne qui, la mine sérieuse ,
Et comme si elle dirigeait,
Craquette avec sa longue jambe
Pendant que tous jouent leur musique?

Non, c’est dans mon propre cœur
Qu’est le chef d’orchestre de la forêt ,
Et je le sens qui bat la mesure,
Et je crois bien qu’il s’appelle Amour. », Heinrich Heine