Relation amoureuse
« L’amour n’existe pas dans la mentalité japonaise. » m’a t-on dit une fois.
L’absence de sexualité et d’affection est déplorable. Il ne savait pas ce qu’il faisait de mal et ne comprenait pas comment remédier à la situation.
L’amour est platonique et ils n’ont pas de besoins physiques. Un couple peut très bien sortir ensemble pendant deux ans (des lycéens, des étudiants, des jeunes ou des adultes) et ne jamais passer de nuit ensemble.
Bisou s’il y a est très timide et bref. D’une rareté déconcertante, Ils se contentent de peu.
Être tous les deux suffit à leur bonheur. Une simple promenade, une sortie, leur apporte de bons souvenirs. Au téléphone aussi, le contact est gardé mais toujours avec distance. Le vocabulaire de l’amour est quasi inexistant de leur langage.
Les phrases en suspens et les sous-entendus sont nombreux et les sentiments sont exprimées dans la discrétion et le silence. « 月が美しい。« , « La lune est belle. », voilà comment ils peuvent dire leurs sentiments.
Cela ne leur vient pas à l’esprit de s’embrasser et cela n’a pas d’importance pour eux. La présence et le dialogue suffisent.
Relation maritale
Le couple mariée fonctionne à travers l’instauration d’une bonne entente et de la mise en place d’une organisation du quotidien convenant aux deux partis.
Ils font chambre à part (D’ailleurs, les magasins de literie, à 3/4 vendent des futon une place. Les futon deux places représentent une large minorité.) suite à la naissance du nombre d’enfants voulus. La sexualité est là uniquement pour la reproduction, fonder une famille, et non pour le plaisir et l’amour.
À partir de là, le couple reste uni pour les enfants. Toutes leurs discussions et leurs actions tourneront autour de la famille.
Le mari devenu père travaillera d’autant plus courageusement, l’argent doit suffir à la survie et au bien-être de tout le monde.
La mère doit redoubler d’efforts au foyer, linge, repas, ménage et l’éducation est une décision commune. Elle peut s’accorder un travail à temps partiel qui constituera un complément de revenus.
Afin de pouvoir faire un temps plein, elle doit se détacher des impôts de son mari et devra payer les siens. Si elle reste sur ceux de son époux, elle pourra bénéficier d’une réduction de ces derniers. C’est pourquoi, la plupart des femmes choisissent cette option plus avantageuse financièrement.
Les parents n’embrassent pas leurs enfants. L’affection se limite aux étreintes et à se tenir la main tout au plus.
Leurs enfants devenus adolescents, s’ils commencent à fréquenter quelqu’un, la sexualité, dormir ensemble dans le même lit, sont des choses absolument impensables. Montrer des marques d’affection en public ne se fait pas. Seule une minorité s’affichent un peu.
Si un couple mariée ou non dort dans la même chambre, c’est bien souvent dans des lits séparés.
Dans de rares exceptions, certains dorment dans le même lit mais il n’empêche qu’il ne se passe probablement rien entre eux.
Les relations sexuelles pour le plaisir s’il y en a sont très rares, environ une fois par mois voire moins, peut être plus. Cela est vraiment dérisoire.
En plus, le déroulement est assez redondant et ennuyeux. L’entrain et l’envie ne sont pas là. Ce n’est vraiment pas dans leur mentalité ni dans leurs capacités.
La mode
Elle est de très mauvais goût. En observant une tenue, on s’aperçoit aussitôt de l’absence de cohérence et de style. En clair, les associations vestimentaires sont aléatoires.
Le but est simplement d’être à l’aise, peu importe si ça va ensemble ou pas, de n’avoir ni trop chaud ni trop froid. Ils se moquent bien de plaire à leur entourage.
D’ailleurs, ils ne se rendent pas compte de leurs mauvais choix.
Les cols ronds sont de mise. Le décolleté est exclu. Il faut fermer les boutons jusqu’en haut et ne pas se montrer. Les hommes ne doivent pas voir ni apercevoir l’intimité de la femme que ce soit au travail, à l’école ou à la maison. L’employeur peut l’exiger. (Ce fut mon cas alors que j’avais seulement ouvert le premier bouton pour mieux respirer.)
Ce qui est considéré comme un compliment pour les occidentaux peut être perçu comme de la perversité au Japon, presque comme une agression par le regard et l’attitude d’autrui. D’un côté, c’est vrai que les tordus sont partout et qu’il faut être prudent.
Le maquillage, s’il y a, doit être discret. Il ne faut pas se mettre trop en valeur et être trop attirante. Le moindre aspect séducteur peut être vu comme vulgaire et aguicheur. Il vaut mieux éviter.
L’argent
Le salaire est très faible. À peine 500 ou 600 yen de l’heure ce qui correspond à environ 5 ou 6 euros et 900 euros par mois dans le cadre d’un temps plein, 5 jours sur 7, 8 h par jour (de 9h à 18h du lundi au vendredi, c’est ce que je gagnais.)
Les hommes gagnent plus que les femmes.
Les femmes et adolescents, les jeunes, font des baito (バイト, de l’allemand Arbeit) et les hommes, un shigoto (仕事), un travail.
Les personnes âgées ont une maigre retraite et doivent continuer à travailler pour espérer survivre.
Les beaux parents
Une femme épouse aussi les parents de son mari, dit-on.
Voisins (dans mon cas), ils surveillent et guettent le moindre mouvement. Il n’y a pas d’intimité et peu de liberté.
En cas de jour de congé, continuer à dormir alors que le mari était parti travailler était mal vu (ce fut mon cas). Il fallait s’occuper de la maison, il n’y avait pas de repis. D’ailleurs, ils avaient les clés et entraient sans ma permission. C’était oppressant. (un cauchemar.)
Être une femme au Japon est très difficile.
La vie en dehors du travail
Les courses constituaient la principale sortie. La nourriture occupait une grande place.
La télé était le second élément principal du quotidien. Du matin au levé au soir au coucher, la télé était partout et envahie de bêtises et d’âneries à supporter.
Vers la fin (peu avant d’avoir quitté cet enfer), je changeais de pièce pour m’accorder une pause et souffler un peu. Dans la voiture, je demandais à écouter plutôt la radio en espérant entendre un peu de musique mais rapidement la télé était de retour. Lorsqu’il m’invitait à m’asseoir avec lui devant la télé, je fuyais.
Les sorties en dehors des courses pouvaient être des promenades. La nature sauvage, brute, est rare. Ce ne sont que des parcs, des espaces aménagés.
La nature, la campagne, ils considéraient qu’il n’y avait rien à voir. C’était décevant.
La consommation
Pas cher et utile, pratique, 普通 (futsu = normal, ordinaire, banal), c’est ce qu’ils privilégiaient.
Beaucoup d’emballages plastiques, la planète n’apprécie pas. Au supermarché, on ne pouvait pas choisir et peser les fruits et légumes ou c’était rare et vérifier si c’est mûr était mal vu. Ils accordent une importance à l’hygiène.
Supermarchés et restaurants, il y avait souvent un sentiment de lassitude, de toujours la même chose.
Le peuple japonais aime bien la constance et l’absence d’imprévus. Ils trouvent cela rassurant. Cela leur évite bien des soucis, des interrogations et des inquiétudes. En somme, des valeurs sûres sur lesquelles ils peuvent compter.
C’est pourquoi lorsqu’un comédien remplit bien un rôle, adopte une tenue qui lui correspond bien, qu’on lui a attribué, ils aiment bien le retrouver régulièrement, c’est familier et nostalgique.
Si les japonais font semblant que tout va bien même face à un individu qu’ils n’apprécient que modérément, c’est pour éviter de s’embêter et de s’encombrer de futilités.
Ils n’ont pas de sentiments matériels et jettent facilement. Ils ne s’attachent pas aux choses et aux souvenirs.
Leur long historique de catastrophes naturelles les font réfléchir. Ils savent que du jour au lendemain, ils peuvent tout perdre.
D’ailleurs, d’un village ou d’une ville à l’autre, les maisons et bâtiments sont similaires. L’histoire n’est pas visible sur l’architecture des habitations. Dans le paysage urbain, on ne devine pas de récit particulier. Voilà qui engendre le fait de se perdre facilement, comment se retrouver lorsque tout se ressemble tellement et qu’il n’y a pas de repères ?
L’hygiène
La distinction entre le dedans et le dehors est fondamentale dans leurs mœurs et leur culture, leur éducation. Il faut retirer ses chaussures à l’entrée et enfiler des chaussons aux pieds.
La douche permet de se nettoyer des poussières du dehors et de se détendre après la journée de travail. Pour être exacte, c’est お風呂 (ofuro), le bain et non la douche, シャワー(shower), qui est pratiqué. Chaque salle de bain contient un espace douche et baignoire.
Il faut se laver les cheveux tous les jours sinon on est considéré comme sale (j’ai refusé de m’y plier, ça abîme les cheveux et ils graissent plus vite, c’est mauvais). C’est un moment important en fin de journée.
En revanche, manger assis par terre, mal installé, n’était pas un problème tout comme roter, péter, faire du bruit en mangeant (aspirer les nouilles, les soba /udon /ramen, faisait partie des moeurs communs).
En occident aussi, la mauvaise tenue à table se généralise. Plus personne ne mange assis correctement le dos droit, les jambes décroisées sans les coudes sur la table. Cela me choque toujours, c’est sensé faire partie de l’éducation de base.
La nourriture était en grande quantité, une multitude de plats différents en farandole et il fallait picorer dans chaque comme à la cour de Versailles. On était deux et j’étais incité à préparer un repas pour quatre, toujours avec le riz acheté par dizaine de kilos.
La liberté des femmes
Afin de gagner en indépendance, des femmes, qui se font de plus en plus nombreuses, décident de ne pas se marier et de même se tourner vers l’occident où la condition féminine est meilleure.
Il y a aussi des couples qui s’éloignent géographiquement de leurs beaux parents pour être plus libres.
Quoiqu’en France la sexualité est en berne au profit des écrans et le pays de l’amour ne fait plus honneur à sa réputation et à ses French Kiss. Le pays décline lentement.
Le syndrome de Paris fait tomber les femmes de haut. La découverte de la capitale française leur provoque une profonde désillusion.
La France n’est plus ce qu’elle était malgré un engouement toujours présent et une amitié réciproque. Le Japon est le paradis des hommes traités en roi et l’enfer des femmes traitées en esclaves.
Le mot, okusan (奥さん) désigne la femme au fond, celle en arrière-plan, l’épouse.
Pour dire « chéri », une femme peut dire « あなた » (anata, toi) ou « お父さん » (otosan), « père, papa » et réciproquement. Le terme 愛しい人 (itoshii hito) existe mais n’est jamais utilisé à part dans les paroles de chansons (voir par exemple, Itoshii hito de l’artiste, Miyavi).
La Yellow Fever est un terme inventé aux États-Unis qui désigne la fascination sexuelle des hommes occidentaux pour des femmes asiatiques tendant vers le racisme et la discrimination. Il s’agit de fétichisme, un phénomène malsain d’une certaine ampleur.
Le Japon est différent ce que les fans de la Japan Expo imaginent. À leur tour, face à la réalité, ils tomberaient de haut.


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